Un hôtel cinq étoiles rempli de collections d’arts dans un bâtiment Seventies.
© Hervé Goluza
Au 20 rue de Berri, à deux pas des Champs Elysées, une façade post-moderniste entièrement vitrée, conçue par l’architecte Maurice Novarina en 1978 pour accueillir des bureaux, et depuis classée. Rien ne laisse imaginer que le bâtiment accueille aujourd’hui un hôtel cinq étoiles et son parc de 3000 m2. Deuxième surprise : une fois la porte poussée, on déambule dans une décoration néoclassique typique des hôtels particuliers (la hauteur sous plafond en moins). Un contraste étonnant entre la rue et le lobby !
Le lobby © Hervé Goluza
Et si l’Hôtel de Berri cultive sa différence, c’est pour rendre hommage aux hôtels particuliers détruits dans les années 70 pour construire des bureaux. Une adresse historique où logeait autrefois la princesse Mathilde, fille du prince Jérôme Bonaparte et fiancée de Napoléon III ou encore la baronne de Berckheim, épouse du marquis de Colbert.
De 1937 à 1973, c’est la couturière Elsa Schiaparelli qui en fit sa résidence, recevant le tout Paris, à l’apogée de sa carrière. Un héritage qui a forcément inspiré le scénographe et directeur artistique Philippe Renaud, en charge de la décoration en coopération avec la famille Dokhan, propriétaire-exploitant de l’hôtel.
Sculptures room © Hervé Goluza
Le bar © Hervé Goluza
En entrant, le lobby offre un avant-goût de l’ensemble : sol en damier, œuvres d’art, sculptures. Les membres de la famille Dokhan sont de grands collectionneurs d’art et ça se voit ! Impossible de ne pas s’arrêter dans la pièce suivante, un petit salon nommé Sculptures Room (la pièce aux sculptures). Derrière, avec une vue imprenable sur un parc abondant de végétation, le bar Bizzaz, affublé de ce nom d’après l’expression de Diana Vreeland pour qualifier l’énergie d’une femme lorsque celle-ci possède un « chic fou ». De gros blocs de faux marbre empilés font office de pilier à travers la pièce. Une surabondance calmée par un mobilier confortable qui joue sur les mêmes teintes de verts et vieux roses.
Suite Prestige © Eric Laignel
Suite Prestige © Eric Laignel
Suite Prestige © Eric Laignel
Lors de la visite des 75 chambres dont 35 suites, on peut découvrir pas moins de dix décors et ambiances « à la manière de… ». Ce sont Giacometti, Madeleine Castaing, David Hicks, Jeanne Lanvin, Marie-Laure de Noailles ou Coco Chanel qui ont inspiré les chambres. Chaque meuble a été chiné spécialement pour chaque chambre et la décoration dépoussière sérieusement le stylé typique de l’hôtel de luxe. Ici, on croise des imprimés léopards, des centaines d’œuvres d’art achetées en salle des ventes pour l’occasion, des canapés « bleu Castaing » et d’innombrables tissus à motifs. Un parti pris audacieux pour un cinq étoiles.
Restaurant © Eric Laignel
Enfin, hommage obligatoire à sa résidente la plus célèbre, le restaurant italien situé au rez-de-chaussée est nommé Le Schiap. La famille Dokhan a fait appel à l’artiste Hippolyte Romain, né en 1947 à Montmartre et habitué des plateaux de cinéma, pour peindre une fresque cinématographique sur tous les murs du restaurant. On y admire la vie fantasmée d’une Elsa Schiaparelli parée de ses plus tenues et croisant au détour de scénettes Fujita, Coco Chanel, Cocteau, ou même Jean-Paul Gaultier et Karl Lagerfeld. On en oublierait presque de regarder le menu concocté par le chef toscan Michele Dalla Valle (passé par le Plaza-Athénée ou Le Meurice) : des plats simples sublimés qui ne manqueront pas de faire revenir les parisiens dans ce quartier souvent déserté par les locaux.
Hôtel de Berri, 20-22 rue de Berri, 75008, Paris